Eu égard au regard...
Avec tout le respect qu'il convient de témoigner à Monsieur Antoine de Saint Exupéry...
♥ RIH ♥
(Rest In Heart...)
… Pour les yeux.
Il avait fallu souffrir deux heures en pleine chaleur sur
des routes creusées d’ornières que ce fichu véhicule tout terrain nous dépose
au pied de la colline.
Le conservateur du Musée nous avait mandatés pour inspecter
l’emplacement où devait, d’après lui, se trouver une ancienne chapelle probablement
détruite par l’oubli. Une ancienne construction qui recélait peut être un
trésor, un vitrail, qui s’il était encore intact, démontrait irréfutablement la
présence dans la région, de la confrérie de la Rose Jaune au XVIieme siècle.
Deux nouvelles heures de marche et nous atteignîmes enfin le
site. L’église était bien là, mais il n’en restait plus rien. Un seul pan de
mur avait résisté au temps. Mais pas n’importe lequel, à notre grande surprise celui-ci
portait dans ses pierres LA preuve espérée…
Très excités nous prîmes des photos par dizaines, et des
mesures toutes consignées méticuleusement sur un carnet. Cette découverte
allait faire grand bruit…
Quelques jours plus tard, nous étions tous rassemblés dans
le laboratoire du Musée. Le conservateur n’avait pas de mots. Il tournait et
retournait fébrilement les photos dans tous les sens, les humant presque. Ses
recherches depuis des années étaient enfin couronnées de succès.
…Qu’avec le cœur…
Je ne parvenais pas, malgré tout à m’associer à son émotion
qui était née de sa passion.
Ma mission était terminée, mais mon chèque pourtant en poche
je ne pouvais quitter la salle. Mes doigts déplaçaient doucement les photos
éparpillées, d’un geste lent de la main.
Où était cette photo, la dernière que j’avais prise avant d’abandonner
le site à l’entreprise qui viendrait immanquablement récupérer ce témoignage du
passé ?
Quittant le musée, j’avais cette désagréable impression de marcher
à reculons. Quel était ce détail insolite que je n’avais pas remarqué. Un
détail insolite…mais lequel ?
Au volant de la voiture de location, mon regard fixait la
route mais j’avais cette même impression. Celle de ne pas remarquer les petits détails que je laissais filer sur les
cotés…
On ne voit bien…
Serions nous aussi, insensibles au visible…