Bois des peines…
Se dresse un grand chêne solitaire.
Il est là, par le troupeau abandonné.
Vieil éléphant dans un cimetière…
Le soleil darde sur lui ses rayons du matin
Le blesse très cruellement en le révélant au jour.
Il est vieux, le sent plus qu’il ne le craint
Mais la sentence se répète, il l’entend tout autour.
Houlala qu’il est vieux ce chêne !
N’est il pas dangereux ou capable de l’être?
Mais de quel âge peut il bien naître ?
Tu as vu tous les trous dans le liège ?
Qui ont laissé sur son écorce les traces de mille printemps,
Creusé le tronc en d’énormes béants offerts aux minuscules
prédateurs
Ceux là même qu’il supportait, et qui maintenant ont
grignoté son cœur.
Certaines se détachent déjà quand la sève ne peut plus les
nourrir,
Sa puissance qui se jouait de la Nature, la combattait
N’est plus qu’un spectre aux ramures noires et décimées.
Pendent deux souvenirs de cordes effilochées
L’une noue encore une petite planche
Que ne balance plus rien que le vent…
Sa vieillesse est devenue sa laideur,
On lui a retiré les rires des enfants
Alors il attend…
Suppliant chaque nuée noire où se concentre la foudre
Offrant son tronc abîmé aux cieux prêts à l’absoudre
Il attend le grand sommeil pour que finissent ses illusions.
Tournoyantes dans sa tête au sommet du tronc
Là où quelques feuilles encore se dresseront,
En humbles dernières prières adressées au Végétal.
Transformé des airs vivants, nécessaires,
Il chante encore au bruissement des vents
Pour les offrir au
ciel…Là où il n’ira jamais…
J’ai ramassé des bouts de son bois mort,
Posé ma main, doucement contre son corps,
Et je lui ai dit pour le rassurer :
« Je lui raconterai au ciel, je te le promets »
« Pour que dans nos souvenirs d’enfant, tu vives
encore… »
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